En gestion de projet, le leadership est souvent perçu comme un moteur de performance, d’alignement et de mobilisation. Il constitue un levier puissant pour faire avancer les équipes, surtout dans des contextes complexes et multidisciplinaires. Cependant, comme le souligne Malcolm Higgs dans Le côté obscur du leadership, il est dangereux de ne voir que la lumière sans en considérer l’ombre. Car derrière certains comportements d’autorité se cache parfois un ego démesuré aux conséquences toxiques pour les individus et les organisations.
L’ego, ennemi silencieux des projets
Le leadership malsain se manifeste par des comportements autoritaires, égocentriques, parfois même manipulateurs. Abus de pouvoir, contrôle excessif, recherche de reconnaissance personnelle, ambition démesurée ou encore tendance à écraser les autres pour briller : autant de traits qui traduisent un ego en quête de domination plutôt qu’un réel désir de servir ou de faire évoluer un projet collectif.
En contexte de gestion de projet, ces comportements peuvent se traduire par un micromanagement paralysant, des décisions unilatérales, une rétention d’information, ou une priorisation des objectifs personnels au détriment de la mission commune. Résultat : démobilisation des équipes, conflits, perte de sens, voire burnouts ou ruptures professionnelles.
Le basculement vers un leadership de cœur
À l’opposé de cette posture guidée par la peur et l’insécurité, se trouve le leadership de cœur. Un leadership inspiré non par le besoin de contrôle, mais par la volonté de contribuer, de protéger, d’élever. Le gestionnaire de projet qui incarne cette forme de leadership agit avec conscience, présence et bienveillance. Il écoute, il soutient, il développe la confiance. Il comprend que son rôle est avant tout relationnel et non statutaire.
Les résultats sont alors bien différents : motivation durable, esprit d’équipe, autonomie, résilience face aux imprévus et une vision partagée du succès. Le climat devient propice à l’innovation, à la responsabilité collective et à l’apprentissage.
L’intelligence relationnelle comme compétence clé
Dans un monde de plus en plus virtuel, où les premiers contacts avec les clients, partenaires ou membres de l’équipe passent souvent par le téléphone ou la visioconférence, chaque interaction devient un vecteur d’influence. Un simple sourire entendu à travers un combiné, une reformulation bienveillante, ou une question ouverte posée avec empathie peuvent transformer une relation professionnelle.
Pour bâtir une véritable culture de leadership positif en projet, il faut cultiver activement :
- L’écoute véritable (sans jugement ni interruption)
- La reformulation pour clarifier les besoins
- L’utilisation des prénoms pour créer un lien humain
- L’engagement dans la relation, pas seulement la tâche
- La responsabilisation de chacun face à ses actions et leur impact
Dix principes directeurs pour responsabiliser l’excellence des équipes
Tout projet réussi repose sur une fondation humaine solide. Pour cela, il est utile de rappeler certains principes essentiels :
- Respect : de soi, des autres et de la diversité des perceptions.
- Conversation : oser parler et écouter pour bâtir des relations durables.
- Collaboration : reconnaître que seul, on ne peut rien accomplir.
- Compassion : accompagner plutôt que condamner en cas d’erreur.
- Non-jugement : accepter les différences sans les hiérarchiser.
- Acceptation : de soi, des autres, et de ne pas tout savoir.
- Responsabilité : individuelle et collective, sans blâme.
- Intégrité : agir avec cohérence, même quand personne ne regarde.
- Engagement : tenir sa parole, envers soi et son équipe.
- Coachabilité : rester ouvert à l’apprentissage et à la remise en question.
Être un leader conscient, maintenant
La gestion de projet moderne ne peut plus s’appuyer uniquement sur des compétences techniques. Elle exige une profonde introspection. Être conscient de son propre ego, de ses réactions, de ses intentions : c’est là que commence le vrai leadership. Non dans la recherche de pouvoir, mais dans la capacité à se relier sincèrement aux autres.
Seule la présence, ici et maintenant, permet de libérer le gestionnaire du passé et de ses mécanismes de défense. Plus qu’un plan de projet bien structuré, c’est l’intelligence du cœur, la qualité de la relation et la responsabilité partagée qui permettent aux équipes d’atteindre l’excellence.
À propos de l’auteure
Ghislaine Labelle, Coach professionnelle, formatrice agréée, conférencière et auteure. CSP.CPV.APV.
Récipiendaire d’une médaille honorifique de la lieutenante-gouverneure du Québec en janvier 2025, Mme Labelle accompagne les leaders dans la résolution des défis liés aux techniques de communication et à la synergie d’équipe.
Après une carrière de plus de dix ans à titre d’adjointe administrative, elle a cumulé plus de trente années d’expérience en ventes et marketing. Elle possède également plus de vingt ans d’expérience en formation et en coaching de gestion professionnelle dans divers marchés. Mme Labelle est certifiée formatrice professionnelle par l’UQAM et a obtenu, en 2009, sa certification avec distinction comme formatrice et coach agréée de l’Institut canadien professionnel de la vente (APCV).
Elle offre une grande variété de programmes de formation et de conférences, en plus d’être l’auteure des ouvrages À la découverte de soi et Le Leadership de Cœur.