J’évolue dans le secteur du Transport à la Demande (TàD), un service souple, alternatif à la voiture et qui s’adapte aux différents publics et cas d’usages, tout en réduisant l’impact écologique du transport sur l’environnement. Padam Mobility, une entreprise SaaS (Software as a Service), propose à ses clients, des collectivités ou des gouvernements, un algorithme d’optimisation des transports, ainsi qu’une suite d’interfaces nécessaires à l’exploitation d’un service de TàD.
L’objectif de cet article est de présenter les incompatibilités entre la gestion de projets de digitalisation de TàD et la gestion de projets techniques, ainsi que de suggérer des pistes pour obtenir des résultats plus efficaces et efficients.
La gestion du projet de digitalisation de TàD, tant au niveau de son contenu que de la conduite du changement, ou celui du suivi et respect des délais représente donc un défi au quotidien. Les gouvernements peuvent par exemple prendre du temps à valider les projets ou lancer les appels d’offres des transporteurs. Ainsi obtenir des dates définitives de lancement peut s’avérer compliquer. Dans ce contexte, une fois le projet validé par le gouvernement, le lancement souhaité peut devenir incompatible avec le délai de déploiement compris entre 2 et 3 mois en fonction de la complexité. Ces enjeux sont souvent décuplés avec l’évolutivité du marché et l’importance grandissante de la prise en compte de l’impact environnemental dans le secteur du transport.
Pour répondre aux évolutions constantes du marché du TàD, le logiciel doit rester en constante évolution. La stratégie de développement du logiciel d’une entreprise SaaS, par nature, doit se faire dans un objectif de répondre au besoin commun. On retrouve alors une gestion de projets effectuée en parallèle, au sein des équipes produit (focus sur la recherche des besoins) et développement (focus sur la mise à disposition de la solution en tant que telle). Ces équipes sont organisées selon la méthode « agile », avec des cycles de développement courts de deux mois, séparés en sprints de deux semaines (figure 1). Cette granularité permet une rapidité d’évolution. Cependant, la complexité du logiciel vient ajouter des difficultés au développement, rendant certaines évolutions incertaines tant au niveau de leur délai que de leur faisabilité technique.
Figure 1 : Fonctionnement du cycle de recherche produit et positionnement dans le cycle de vie du logiciel et du projet de digitalisation de TàD.
D’autre part, des projets de TàD peuvent être gagnés avec la volonté d’utiliser de nouvelles fonctionnalités en cours de développement dans des projets techniques. Or, la fonctionnalité développée peut ne pas répondre à 100 % aux nouveaux besoins évoqués par le client. Pour répondre à cela, la relève et la transmission de nouveaux besoins sont primordiales, et peuvent trouver leur place dans la réunion de sprint ou mi-sprint des projets techniques. L’itérativité des développements des solutions permet également de répondre à ces échéances contraignantes. Une première version d’un développement permettra alors de prendre en compte le MVP (Minimum Viable Product) du besoin, sans pour autant perdre de vue la version finale, restant dans la feuille de route des futurs cycles. Le projet technique s’adapte, ici, aux contraintes temporelles des projets de TàD.
En conclusion, dans le secteur du TàD, l’agilité des projets techniques et l’écoute des besoins clients, sont les deux éléments clés permettant d’atteindre le succès simultané des deux types de projets menés en parallèle.
À propos de l’auteur
Camille Bouin est diplômée en Ingénierie généraliste (baccalauréat et maîtrise) ainsi qu’en Gestion de Projets (maîtrise). Après l’obtention de sa maîtrise à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), et son expérience en tant que gestionnaire de Portefeuilles de Projets au ministère de la Sécurité publique (MSP), elle a décidé de se consacrer à la gestion de projets dans le secteur du Transport à la Demande (TàD) à Paris, au sein de l’entreprise Padam Mobility. Son travail est axé sur la gestion de projets complexes, dans un environnement transverse alliant transport et développement de logiciels.
Elle contribue actuellement au développement et à la digitalisation du TàD au Québec, en collaboration avec la Société de transport de l’Outaouais (STO) et la Société des Transports de Rimouski (STR).