Étude de cas d’une conception épurée d’avion

Bien que le thème de la gestion de projet ait été largement abordé dans la littérature scientifique et professionnelle, les organisations font face à de grands défis de gestions et éprouvent énormément de difficulté à améliorer de façon significative l’efficacité de leurs projets, notamment dans le développement de biens et de produits complexes. Parmi les causes qui contribuent à cette piètre performance, l’effort associé à l’activité du retravail durant la phase de conception est un véritable défi managérial. En effet, la nécessité d’ajuster continuellement la conception du produit en fonction des évolutions incessantes des besoins des clients, de la compétition et de l’entreprise est source de perturbations immuables.

L’objectif de cet article est de présenter quatre modèles d’orientations développés à partir de la collecte et de l’analyse des données d’un projet de conception d’un nouvel avion, un produit d’une extrême complexité tant pour les exploits d’ingénieries et de technologies y étant associés que pour les défis organisationnels et managériaux nécessaires à sa réalisation. Six recommandations afin d’améliorer la performance découlent de ces modèles.

  1. Modèle de la réutilisation : le contexte contraint du projet a conduit l’organisation à proposer une solution rapide de mise sur le marché basée sur une version antérieure du produit. Toutefois, la mentalité de réutilisation associée au besoin d’un produit concurrentiel a mené à une compréhension évolutive de la portée réelle du projet, ce qui a déclenché des activités de retravail.
  2. Modèle de chevauchement des phases : la nécessité d’offrir une solution rapide de mise en marché associée à la mentalité de réutilisation a conduit l’organisation à chevaucher les phases de développement des produits. Ainsi, les équipes travaillaient de façon asynchrone et/ou avec des informations préliminaires sujettes à changer, ce qui a déclenché des activités de retravail et perturbé le processus de développement du produit.
  3. Modèle de la meilleure estimation : l’écart des variables inconnues est plus grand dans les phases initiales du projet et se réduit au fur et à mesure que le projet évolue. Toutefois, en raison de la pression exercée par le délai de mise en marché, la décision a été prise d’aller de l’avant avec les meilleures estimations. Les activités de retravail ont été déclenchées lorsque des estimations se sont révélées inexactes, ce qui a perturbé le processus de développement du produit.
  4. Modèle des adversaires accidentels : la relation gagnant-gagnant entre les fournisseurs et l’organisation s’est érodée par les exigences supplémentaires nécessaires pour assurer un produit compétitif. Cela a déclenché des activités de retravail et réduit le profit du fournisseur. Ainsi, l’avancement du projet dépendait de la résolution des conflits commerciaux. De plus, la collaboration réduite entre les parties a conduit à des solutions techniques pas forcément optimales, ce qui a déclenché des activités de retravail.

Dès lors, six recommandations sont proposées pour améliorer la performance de ce type de projets:

  1. Exécuter un processus robuste de gestion des exigences du produit.
  2. Gérer la disponibilité des experts dans les phases initiales du projet.
  3. Assurer que seules les informations à valeur ajoutée d’un projet précédent sont réutilisées.
  4. Éviter le chevauchement excessif des phases de projet.
  5. Assurer la visibilité de la séquence des activités de développement.
  6. Assurer la visibilité du niveau de maturité des informations échangées par les équipes interdépendantes.

Présentation de l’auteur

Érika Melo

Erika Melo, D.B.A., M.B.A. in Project Management | B., M.Sc. in Electrical Engineering (Power Electronics)

Erika Souza De Melo est diplômée en génie électrique (baccalauréat et maîtrise). Elle détient également un MBA et un Doctorat dans le domaine de la gestion de projet. Erika a consacré sa thèse de doctorat sur le retravail de conception technique en projet de développement de produit aéronautique. Elle a travaillé au sein de grandes entreprises du secteur automobile et aéronautique, dont Delphi Automotive Systems, Airbus Hélicoptères, Embraer et Bombardier aviation.

Actuellement, elle est professeure en gestion de projet à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ses intérêts de recherche portent sur la gestion de projets de développement de produits complexes, dans le but de fournir des résultats qui répondent aux vrais besoins de l’industrie.