Jodette Christelle Messemo|
Les projets « meurent sans laisser de traces, si ce n’est dans la mémoire aléatoire de leurs acteurs. Ceci constitue un risque majeur, car ils s’asphyxieraient à terme, si aucune innovation complémentaire ne leur était apportée » (Gautier et Lenfle, 2004). En décembre 2020, d’après les recherches de Statistique Canada, les petites et moyennes entreprises (PME) constituent le socle de l’économie canadienne (Tam et al., 2022). Cependant, ces entreprises font face à une durée de vie limitée, ne dépassant généralement pas les 5 ans, et la principale raison enregistrée est liée à la méthode d’analyse du besoin (Des Mesnards, 2011). Un besoin qui peut se manifester par l’absence d’une demande réelle sur le marché, un ciblage inadéquat des besoins existants, ou encore une analyse défaillante des besoins, entraînant des ajustements et des coûts additionnels. L’idée derrière cette thématique est d’attirer l’attention des gestionnaires sur les enjeux liés à cette phase de définition initiale.
Marc Messier, gestionnaire de projet certifié (PMP) et formateur de HEC de Montréal, approuve cela et met en évidence le fait que les organisations obtenant un succès remarquable dans la réalisation de leurs projets accordent une attention particulière à la compréhension des besoins (Les affaires, 2019). Cela implique la nécessité de s’assurer que le projet répond véritablement à un besoin, identifier les parties prenantes clés sensibles au projet, et déterminer les potentiels bénéficiaires du projet.
Dans son ouvrage intitulé “Réussir l’analyse des besoins”, Des Mesnards (2011) critique vivement la façon dont certains gestionnaires abordent la notion de besoin. Il souligne l’importance de poser les bonnes questions pour approfondir la compréhension d’un besoin. Ces questions cruciales incluent : en quoi consiste le projet du point de vue des faits ? Pourquoi ce projet est-il nécessaire, qu’elles en sont les causes profondes ? Quelle est la finalité du projet, c’est-à-dire son objectif ultime ? Et enfin, comment combler ce besoin en identifiant les solutions adéquates ? Des Mesnards (2011) insiste sur la nécessité d’explorer ces dimensions pour mener une analyse des besoins approfondie et efficace.
Les raisons des échecs observés dans les projets de nos jours sont diverses et se manifestent sous différentes formes. Ainsi, selon votre point de vue, pensez-vous véritablement que la persistance des PME sur le marché est principalement mise en péril par une analyse inadéquate des besoins ?
Face aux évolutions constantes dans le domaine de la gestion de projet et à la diversité des méthodes développées pour guider les chefs de projet, il devient primordial pour chaque gestionnaire de matérialiser leur technique de gestion. Cette discipline doit fonctionner comme un outil tout au long de la réalisation de leurs projets, favorisant ainsi la maîtrise du projet et simplifiant son adaptation face aux changements.
Partagez votre perspective avec nous et indiquez si les réalités diffèrent considérablement des méthodes et stratégies développées pour soutenir la gestion d’un projet.
Références
Des Mesnards, P.-H. (2011). Réussir l’analyse des besoins. Éditions Eyrolles.
Gautier, F. et Lenfle, S. (2004). L’avant-projet : définition et enjeux. Vuibert Fnege.
Les affaires (2019). Gestion de projet : les facteurs clés du succès. https://www.lesaffaires.com/dossiers-partenaires/investir-dans-sa-carriere-cest-payant/gestion-de-projet–les-facteurs-cles-du-succes/607973
Tam, S., Sood, S. et Johnston, C. (2022). Analyse des petites entreprises au Canada 2022. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-621-m/11-621-m2022004-fra.pdf
À propos de l’auteur
Titulaire d’un diplôme en génie industriel, Jodette Christelle Messemo a fait le choix de se plonger dans le domaine de la gestion de projet. Sa décision de consacrer son mémoire à l’étude des défis rencontrés par les PME lorsqu’elles entreprennent un projet, notamment l’analyse des besoins, a conduit à l’obtention de son diplôme de maîtrise. Fortement investie dans son développement professionnel et sa croissance dans ce domaine, Jodette a acquis sa première expérience en tant qu’assistante de production au sein d’une entreprise électronique, dont FEINMETAL, puis en tant que responsable d’équipe pendant son quart de travail chez A&W. Aujourd’hui, elle porte un intérêt particulier aux méthodes d’analyse des idées, depuis leur conceptualisation en tant que besoins jusqu’à leur concrétisation en projets.