Lysanne Richard, plongeuse de haut volImane Chaib et Alexia Ngounou |

Pouvez-vous vous présenter ? (Identité, parcours professionnel bref, profession actuelle et activités)

Je m’appelle Lysanne Richard. Je suis une athlète, mais j’ai commencé par une carrière dans le domaine du cirque. J’ai un diplôme d’études collégiales du cirque à l’école nationale du cirque à Montréal. Je suis également conférencière, j’écris des blogues et je participe à des compétitions depuis 2015, sur le circuit international de RedBull Cliff Diving ainsi que le circuit de la coupe du monde de la FINA, fédération internationale de natation. Et à côté de toutes ces activités, je suis maman de 3 enfants ! Le plongeon est un sport qui existe depuis des décennies et des générations, mais qui était surtout pratiqué sous forme de spectacle ou de défi de bravoure. De plus, c’est un sport qui était typiquement masculin à la base. Quand on pense à tous les plongeons qui ont été faits au Mexique ou en Bosnie par exemple, ce ne sont que des hommes qui faisaient ça de père en fils. Aujourd’hui, c’est devenu un sport plus ouvert aux femmes dans les compétitions.

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

Ce que j’aime dans le haut vol c’est le côté créatif. En effet, je suis une artiste plus qu’une athlète de par ma formation et mon choix de carrière. De plus, quand on plonge, on crée du vent grâce à la rapidité du plongeon. C’est donc ce côté créatif qui m’intéresse : la sensation du vent qui se crée dans l’air d’une nouvelle façon. Il y a aussi la soif de dépassement de soi qui me passionne dans mon métier. Il y a de la peur c’est sûr, mais cette peur fait partie intégrante de mon métier, et c’est ce qui me motive encore plus à me dépasser. Pour le moment, ce que j’aime le plus, c’est les nouvelles idées et les nouvelles opportunités, qui me permettent d’être plus créative dans mes projets. J’ai un projet par exemple qui nécessite de plonger d’une montgolfière. J’ai donc une soif de réaliser ce qui a peu ou qui n’a pas été fait auparavant. Mon but est aussi de propager un message de « Si tu as le goût de faire quelque chose, il n’y a rien qui est impossible », à condition de trouver les bonnes étapes et les bons alliés pour rendre cela possible.

Quelle est votre plus belle réussite professionnelle ?

Ma plus belle réussite est de pouvoir faire ce que j’aime, tout en arrivant à gérer ma vie de famille. Je suis 2e dans le classement mondial, mais je suis la seule maman du circuit, c’est donc une réelle fierté pour moi, bien au-delà de tout classement. Si je n’avais pas concilié mes projets avec ma vie de famille, j’aurais peut-être été première, mais j’aurais été moins fière que d’être deuxième en étant maman, parce que ce n’est pas le même défi.

Quelles qualités sont nécessaires pour faire ce travail ?

Je trouve que la plus belle qualité est d’oser faire les choses. Quand j’ai décidé de rejoindre les compétitions, j’avais déjà mes 3 enfants et il y avait plein de femmes plus jeunes que moi. Elles étaient toutes meilleures que moi étant donné que j’avais moins de bagages, ayant arrêté le plongeon pendant 20 ans pour faire du cirque. Je me suis dit que ce n’était pas grave, que j’allais quand même me lancer, et j’ai fini par réussir. L’essentiel c’est d’être déterminé.

Comment le numérique vous a-t-il aidé à traverser l’année 2020 ?

L’année 2020 m’arrangeait bien étant donné que j’avais un calendrier assez chargé et que cela m’inquiétait pour mes enfants. Finalement, durant cette année, j’ai réussi à développer un centre d’entraînement dans la région de Thetford. J’ai aussi fait du plongeon à Tableau, près de Sainte-Rose du Nord au Fjord du Saguenay. J’ai donc réussi à m’investir dans plein de projets que je n’aurais pas pu réaliser si j’avais dû partir en compétition. J’ai également profité du temps que j’avais pour faire des conférences en virtuel. J’ai donc pu m’adapter en donnant des conférences en ligne pour partager mes conseils.

Quel est selon vous le plus gros défi que vous rencontrez, lié à vos activités ?

Mon prochain projet est le plus gros défi pour moi parce qu’il requiert plus d’énergie, étant donné que c’est un plongeon qui se fera dans des eaux glaciales, en plus de la météo qui ne sera pas optimale. Il est certain que je vais me protéger contre le froid, mais cela va aussi bloquer un peu ma mobilité. En ce moment, j’ai donc l’impression que c’est mon plus gros défi. Mais je rencontrerai certainement de plus gros défis dans mes prochains projets ! Finalement, je peux dire que mon plus gros défi c’est l’appréhension de l’inconnu.

Quelles bonnes pratiques pourriez-vous partager avec nous (succès, adaptations, améliorations…)?

Pour moi, il faut vraiment oser ! Si tu as envie de faire quelque chose, il faut oser et donc déterminer clairement ton objectif. Il faut aussi savoir diviser ton objectif ultime en étapes, faire un échéancier et trouver les bons alliés, parce que tout seul, il n’y a rien de faisable. Il n’y a rien de ce que j’ai fait et de ce que je veux faire, que j’aurais pu faire toute seule. Tout était possible grâce à la collaboration et au travail d’équipe. Il faut aussi savoir reconnaître sa force et être fier de soi pour pouvoir se donner des défis et sortir de sa zone de confort.

Quel conseil pourriez-vous donner aux futurs athlètes et conférenciers ?

Je pense que le mot que j’aime beaucoup c’est « oser ». Il faut oser pour accomplir de grandes choses et réussir. Il faut rentrer dans l’action.

Voyez-vous un lien entre vos activités et la manière dont on peut gérer un projet ? Si oui, lequel ?

Oui ! En effet, mes activités sont toutes des projets dans le sens où je travaille en équipe et on essaye de chercher nos forces et nos faiblesses. Lorsque je parlais d’actions à mettre en place pour atteindre ses objectifs, finalement, ça fait aussi partie de la gestion de projet dans le sens où je dois imaginer, créer et planifier pour pouvoir exécuter mes idées par la suite. Je me sens donc plus comme une travailleuse autonome qu’une athlète.

Quels sont vos prochains projets ?

Il y a beaucoup de conférences à venir, mais aussi un plongeon que l’on compte faire dans le noir, où je serai équipée de fils LED. J’ai plein d’idées que je souhaite réaliser. Mais ce que je souhaite vraiment faire en ce moment, c’est le plongeon à partir d’un hélicoptère et d’une montgolfière. Il risque aussi d’avoir un retour de saison de compétition, mais je ne vais pas me limiter à ça étant donné que je suis plus intéressée par mes nouveaux projets. J’ai aussi envie de donner de la visibilité aux régions du Québec, et faire découvrir aux gens tous ses beaux spots. Je veux donc être plus présente ici tout en continuant à m’amuser avec mon sport.

À propos de l’auteur

Lysanne Richard

Lysanne Richard

Plongeuse de haut-vol

Native de Chicoutimi, Lysanne Richard a été décernée athlète féminine de l’année en plongeon de haut vol par la FINA en décembre 2016, après sa victoire à la Coupe du monde d’Abu Dhabi.
En plus d’une autre médaille à la Coupe du monde de la FINA en 2018, Lysanne a conclu sa saison de compétition 2019 en deuxième position au classement mondial cumulatif.
Également artiste de cirque, elle a obtenu son diplôme d’études collégiales à L’École nationale de cirque en 2004 et a travaillé entre autres au Cirque du Soleil et pour Les 7 doigts de la main pendant plus de 10 ans. Lysanne est aussi conférencière et analyste spécialiste pour la télévision pour les compétitions de plongeons de haut-vol et fait partie de l’équipe d’experts RDS pour la section En Forme.