Par Ingrid Avila Tiomo |
Importance des compétences politiques dans la gestion des parties prenantes dans les projets : illustration du réseautage et de la perspicacité sociale chez Hydro-Québec
« … En tant que gestionnaire, c’est moi l’outil. » Luc Leclair, Chef réalisation projets transport, Hydro-Québec
Pouvez-vous nous parler de vos activités et défis en tant que gestionnaire de projets ?
Je suis Chef réalisation projets transport au sein d’Hydro-Québec et j’ai la charge du suivi des réalisations des travaux projet dans les postes de TransÉnergie. Je représente aussi les parties prenantes et je fais beaucoup de médiation entre les acteurs impliqués dans le projet.
Le grand défi auquel je suis confronté, c’est la communication et les enjeux clients. Je dois prendre le leadership de la communication, de la mini coordination de terrain qui manquent entre les acteurs. Il faut gérer la satisfaction des attentes des clients en cas de modifications des spécifications en cours de projet. Ce travail se fait avec toutes les équipes impliquées pour qu’il n’y ait pas de rupture. Ce mode partenarial m’amène à effectuer un travail de suggestion, d’influence et parfois un suivi exige des tâches.
Comment vous y prenez-vous face à cet enjeu de médiation dans les projets?
Je suis orienté proximité et solution des problèmes…
Je privilégie les rencontres pour favoriser la proximité et la solution des problèmes via la communication. Je m’investis physiquement à travers des rencontres de terrain. Je deviens familier et le mode collaboration s’active mutuellement au regard de l’atteinte des objectifs du projet. Il faut fournir des explications sur les motivations du changement, clarifier les objectifs des tâches. Cela évite aux autres de me percevoir comme une personne « qui met les bâtons dans les roues ». Aussi, il est nécessaire que tout le monde comprenne les enjeux. Ainsi, ils participent tous à la recherche de solutions via la collaboration, et sans réticence.
À partir de ces capacités de réseautage et de perspicacité sociale dont vous faites preuve, comment définissez-vous la compétence politique?
Selon moi, pour être politiquement compétent, il faut savoir qui on est, il y a un peu d’authenticité. On ne peut pas être tout le monde, il faut travailler sur soi-même. Ensuite, il faut être dans une perspective où le contact avec les autres leur permet de s’améliorer. Une autre chose importante, c’est le contrôle de soi, ne pas être trop émotionnel ou se choquer par les faits. Il faut aussi contrôler le vocabulaire à utiliser quand on s’adresse aux gens, utiliser son intuition et essayer de comprendre le profil psychologique des individus. Après tout, on ne peut pas renvoyer (ndlr, licencier) les individus, il faut juste « dealer » avec pour réussir dans les projets. C’est très important d’avoir cette mentalité.
Comment les organisations peuvent-elles contribuer au développement des compétences politiques des gestionnaires de projet?
Expérience – formation – coaching
Il y a des formations pour comprendre les profils psychologiques des gens avec qui on interagit. Des contenus de coaching peuvent porter sur comment communiquer avec les gens, avoir un leadership en santé psychologique, maîtriser la communication non verbale et la négociation, avoir des habiletés politiques, savoir écouter, susciter l’engagement chez les acteurs projet et gérer leur sensibilité. En plus des formations, il faudrait que les managers prennent le temps de coacher les gestionnaires, de les accompagner dans leurs défis. Cela aide dans le travail d’anticipation du gestionnaire et enrichit ses expériences.
Avez-vous d’autres leçons apprises?
Il faut savoir prendre la hauteur et aller au-delà…
Fondamentalement, on n’a aucun pouvoir et on n’est pas habilité à donner des ordres. On a d’autres choix que de collaborer. En effet, il faut se dire en tant que gestionnaire que « c’est moi l’outil ». Au lieu de blâmer, c’est au gestionnaire de se demander ce qu’il n’a pas fait pour que les choses se déroulent bien. À ce stade, l’expérience de vie compte beaucoup et peut être d’une grande utilité pour favoriser la résilience face à certaines situations.
Enfin, le gestionnaire doit aussi être un éducateur, il doit aider les autres à devenir meilleurs. Les actions correctives sont importantes ici. Une autre approche, c’est l’anticipation. Cela améliore la proactivité dans les équipes, ça responsabilise les acteurs et renforce la confiance mutuelle.
L’équipe de rédaction PMILQ vous remercie.
À propos de notre invité
Après mes études en tant qu’électromécanicien et électricien au C.E.P. de Saint-Jérôme, j’ai travaillé dans divers secteurs en alimentation et en élastomères avant d’en arriver chez Hydro-Québec.
Mon premier poste occupé chez Hydro-Québec fut comme électricien d’appareillage en 2005, et ce, durant 8 ans. J’ai commencé mon premier poste de gestion en 2013 en tant que Chef Soutien Opérations à Rimouski, pendant lequel je suis tombé en amour avec la gestion. Par la suite, j’ai progressivement exercé comme chef Maintenance ligne jusqu’en 2018. Durant cette période, j’ai relevé des défis sans pareil autant en maintenance, qu’en projet et également en approche client. Depuis 2019, je suis Chef réalisation projets transport à Montréal.
Tout au long de ma carrière, j’ai suivi plusieurs formations de gestion en interne comme en externe afin d’améliorer mes prises de décisions dans les actions quotidiennes.