Jacques Gaumond |

Quel lien peut-on faire entre innovation et gestion de projets?

Selon l’encyclopédie Wikipédia ou le dictionnaire Wiktionnaire, invention vise à créer du nouveau alors qu’innovation est associée à l’amélioration de l’existant ou à l’introduction d’un changement important dans une situation et fait aussi appel à la commercialisation et à la mise en œuvre. Le président de PMI Montréal[1] soulignait dans son blogue de juin 2018 que l’implantation d’une idée par la gestion de projet est ce qui rend l’innovation concrète.

En mars dernier, le Ministère de l’Économie et de l’Innovation du Gouvernement du Québec lançait une consultation publique afin d’élaborer la prochaine Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI 2022). Par un appel de mémoires[2], la consultation vise à déterminer les meilleures pratiques, les solutions novatrices et les avenues les plus porteuses.

Dans cet article, je mets en lumière les 2 idées maîtresses du mémoire que j’ai déposé lors de cette consultation et j’invite les praticiens en gestion de projet à réfléchir et agir afin que trois pratiques soient mises de l’avant pour contribuer au déploiement fructueux de la SQRI 2022 et à son impact significatif.

SQRI 2022

L’objectif de la SQRI 2022 est de faire du Québec de demain une société plus prospère, bienveillante et durable, ce qui se déclinerait entre autres par :

  • un écosystème de la recherche et de l’innovation plus agile, performant et efficient,
  • le développement accéléré et accru de l’innovation au sein des entreprises et des organismes, et,
  • la création accrue de richesse et la croissance soutenue et plus forte du Québec.

Idée no. 1 : Le facteur humain

Mes réflexions m’amènent à souligner comme principaux enjeux et défis affectant l’ensemble des joueurs de l’écosystème de la recherche et de l’innovation :

  • L’incertitude et la complexité des situations et des décisions, et même le désordre présent à certains moments,
  • La nécessaire collaboration au sein d’équipes multiculturelles, multigénérationnelles et dispersées dans l’espace et le temps, et le sens de même que le plaisir à être générés au travail,
  • L’épanouissement de l’intelligence émotionnelle et collective en phase avec l’apport grandissant de l’intelligence analytique et artificielle, au sein de ces équipes,
  • L’alignement entre les impératifs d’agilité, de compétitivité et de rentabilité et les principes d’éthique, d’équité et du développement durable.

J’avance respectueusement que le facteur humain est central et critique à la réussite sur les axes, objectifs, enjeux et défis mentionnés plus haut ; et ce facteur humain doit être pris en compte et valorisé autant sur les plans individuels que collectifs.

Idée no. 2 : Combinaison de 3 pratiques structurantes

Parlons maintenant du lien entre le facteur humain et ces 3 pratiques. Établie il y a plus d’un siècle, la gestion de projet est une discipline mature visant à mobiliser une équipe afin de répondre à un besoin tout en prenant en compte des contraintes dont les délais, les budgets et la qualité. Quant à elle, la gestion du changement[3] est une pratique consistant à appliquer une approche structurée à la transition d’une organisation d’un état actuel à un état futur pour obtenir les avantages escomptés. Depuis plus de 50 ans, cette pratique se préoccupe des personnes affectées par le changement organisationnel, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation. Enfin, depuis plus de 25 ans, le coaching[4] est une pratique où le partenariat entre le coach professionnel et ses coachés aide ceux-ci à définir et à atteindre leurs buts professionnels et personnels plus rapidement et plus efficacement que sans l’intervention du coach. Le processus et la structure d’accompagnement du coaching s’exercent auprès d’un individu, d’une équipe ou d’un groupe.

Recommandations et conclusion

Dans le document Oser Innover portant sur la version précédente, soit la  SQRI 2017[5], un vaste ensemble de mesures et de programmes venaient appuyer le déploiement de cette stratégie. Or la mention de, et le recours à, ces 3 pratiques transversales et structurantes ne paraît pas explicite. Mes qualifications et mes expériences et observations professionnelles m’amènent donc à humblement formuler les recommandations suivantes dans mon mémoire.

Qu’au sein de projets d’envergure et multi-entités en innovation, la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation 2022 :

  • Promeuve le recours à la gestion professionnelle de projets,
  • Promeuve l’apport de la gestion professionnelle du changement comme pratique novatrice déployée au Québec et ailleurs dans le monde,
  • Promeuve l’apport du coaching professionnel certifié, sur le plan du leadership individuel et collectif comme pratique novatrice déployée au Québec et ailleurs dans le monde, et
  • Encourage les joueurs de l’écosystème de recherche et d’innovation à recourir à ces trois pratiques structurantes grâce à des mesures spécifiques dont des subventions ciblées, des évènements de reconnaissance des meilleurs cas vécus et des initiatives de recherche-action et de publications scientifiques et managériales pour rayonnement dans la francophonie nord-américaine et mondiale.

Je soutiens que ces 4 recommandations et la combinaison des 3 pratiques structurantes ont le potentiel de hausser significativement le calibre de la recherche et de l’innovation au Québec et de le rapprocher du niveau mondial.

J’invite les praticiens en gestion de projets à réfléchir et agir afin que ces pratiques soient clairement appelées à jouer tout le rôle possible et avoir la pleine contribution potentielle au sein de la SQRI 2022.

[1] Cliquer sur https://www.pmimontreal.org/le-blogue-du-pmi-montreal/le-blogue-du-president-linnovation-et-la-gestion-de-projet

[2] Cliquer sur https://consultation.quebec.ca/processes/sqri2022/f/71/

[3] Voir Association of Change Management Professionals https://www.acmpglobal.org/ et son chapitre québécois https://acmpquebec.org/

[4] Voir International Coaching Federation https://coachingfederation.org/ et son chapitre québécois https://icfquebec.org/

[5] Voir https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/documents_soutien/strategies/recherche_innovation/SQRI/sqri_complet_fr.pdf

À propos de l’auteur

Jacques Gaumond

Jacques Gaumond – M.Sc.A., ACC, Acc.Dir.

Coach, consultant et administrateur de sociétés

Jacques Gaumond agit à titre de coach professionnel et de consultant chevronné depuis plus de dix ans dans le domaine de la gestion et des affaires. Il accompagne des dirigeants et des gestionnaires d’entreprise ou d’organisation à améliorer l’impact de leur leadership sur le plan individuel ou de l’équipe. Jacques intervient aussi auprès d’organisations dans la préparation de la relève de direction, le développement des talents et la gestion du changement. Par ailleurs, il est conseiller certifié TRIMA depuis 2016, membre du chapitre Québec de l’Association of Change Management Professionals (ACMP) depuis 2015, et membre de l’International Coaching Federation depuis 2010.

Membre du Chartered Governance Institute of Canada depuis 2008, Jacques agit aussi à titre d’administrateur de sociétés depuis plus de vingt ans auprès d’entreprises à capital fermé ou d’organisations à but non lucratif.

Au préalable, Jacques a œuvré comme gestionnaire et cadre dirigeant dans le secteur des technologies de l’information et des services aux entreprises sur plus de trente ans, au Canada et à l’international. Il a acquis une expérience variée au sein de grandes et moyennes entreprises, dans des responsabilités d’ingénierie des systèmes, de marketing, de vente, de service à la clientèle, de services-conseils et de direction générale.

Passionné par l’impact des technologies de l’information et du développement des individus sur la performance des organisations, son parcours l’a souvent amené à être soit responsable de, collaborateur sur, ou en gouvernance de projets d’envergure notamment dans les secteurs de la technologie, de la construction et de la formation. Il continue à apprendre et à explorer de nouveaux moyens et outils afin de contribuer à la réussite de projets d’envergure ainsi qu’à l’épanouissement des membres de telles équipes-projet.

Jacques est détenteur d’un B.Sc. en informatique de l’Université de Montréal, d’une M.Sc.A. en télécommunications de Polytechnique Montréal et d’un diplôme en administration de HÉC Montréal.